Connaissez-vous le décret hopsyweb?
C’est une disposition légale qui fiche pour une durée de trois ans toutes les personnes internées sans consentement (sous contrainte) en psychiatrie.
Un fichage qui concerne la préfecture, soit une mesure potentiellement dangereuse pour les communautés noires et non-blanches, premières cibles des institutions policières et fortement à risque face aux soins sous contrainte du fait de nos situations sociales et du racisme systémique. Depuis le 27 mars 2020, le Conseil d’état a acté une nouvelle version du décret hopsyweb permettant le croisement des données de personnes internées sous contrainte en psychiatrie avec le fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), soit les personnes dites « fichées S ». Une nouvelle disposition extrêmement grave et discriminante qui constitue une entrave de plus dans l’accès aux soins et le soin lui-même, et dans les libertés individuelles, particulièrement pour les communautés noires, non-blanches, de confession musulmane et ou assimilables comme telle.
pourquoi faut-il s’inquiéter?
En tant que noir-e-s nous sommes plus vulnérables face aux professionnel-le-s et institutions de santé mentale :
- Hospitalisation sous contrainte pouvant être imposé par l’institution médicale et maintenu par le système juridique, les personnes noires étant plus à risque d’être perçues comme dangereuses, agressives, irresponsables. Le régime de contrainte facilite la réduction des droits et des libertés
- Risque de sur ou sous diagnostic
- Diminution ou non considération de la douleur et des souffrances et traumatismes liées au racisme et aux différentes formes d’oppressions systémiques.
- Maltraitances, violences médicales. Ex : pratique de la contention et de la chambre d’isolement
- Différents freins dans l’accès aux soins en santé mentale, préjugés culturels, religieux, psychophobie, difficultés économiques, longue attente pour des consultations dans les CMP (centre médicaux psychologiques) et centre médicaux où les soins sont pris en charge, racisme systémique et des soignants.
- Risque d’intervention policière lorsqu’une personne est en détresse psychologique ou « crise psychique », au lieu de services médicaux
Des réalités socio-économiques qui nous rendent particulièrement vulnérables face à ce décret qui s’inscrit comme une nouvelle extension des mesures politiques « implicitement » psychophobes, racistes, islamophobes, et portant atteinte à la dignité humaine. Une mesure stigmatisante et liberticide qui intervient en pleine crise sanitaire et sociale, alors que le secteur de la psychiatrie connaît des vagues d’internements plus intenses, particulièrement dans une région comme la Seine-Saint-Denis (93), où vivent de nombreuses communautés d’origine africaine.