De quoi la mort de Naomi Musenga est-elle le nom?

Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga décédait à l’hôpital de Strasbourg après des heures d’agonie, de négligence médicale, de traitement raciste de sa condition de santé.
Depuis les langues se délient davantage sur les préjugés et pratiques liés à la croyance en un « syndrome méditerranéen », qui serait propre aux personnes non-blanches perçues comme se plaignant de douleurs injustifiées ou exagérées.
Le système médical dans son ensemble lui, reste peu questionné et encore moins inquiété, et tend à se justifier en se retranchant derrière des motifs qui seraient uniquement économiques et organisationnels, ignorant le caractère structurel du racisme dans les milieux médicaux, comme dans l’ensemble de la société.
On reconnait pourtant bien la négrophobie dans la réponse adressée à Naomi Musenga par l’opératrice du Samu. Cette dernière a pu identifier un accent à consonance « africaine », dans l’appel au secours de la jeune femme de 22 ans, d’origine congolaise, et a très vite moqué, minimisé et méprisé sa souffrance.
Aux États-Unis, des études ont démontré que les noir-e-s étaient au minimum deux fois moins susceptibles que les blanc-he-s de se voir délivrer des anti-douleurs, et souffrent de façon significative et disproportionnée de sous et mal-traitance médicale, ce qui conduit à la dégradation de l’état de santé physique et psychologique, l’absence de diagnostics appropriés, et à la mort.
À titre d’exemple, les femmes noires et leurs enfants meurent à des taux alarmants dans les maternités, elles ont trois à quatre fois plus de risque de perdre la vie en la portant ou la donnant, et lorsqu’elles survivent connaissent davantage de complications car sont stéréotypées comme ressentant moins la douleur ou y étant insensible.
En France, les données et chiffres manquent, mais les réalités et tragédies se ressemblent.
Le sort de Naomi Musenga n’est hélas pas unique, comme en témoigne le décès récent d’une autre femme noire, Micheline Myrtil, le 18 décembre 2018 à l’hôpital Lariboisière à Paris, après douze heures d’attente au service des urgences.
Durant l’été 2018, une information judiciaire pour « non-assistance à personne en péril » et « homicide involontaire contre X » contre l’opératrice a été ouverte. Et si le 30 octobre dernier 2018, un juge d’instruction a annoncé la nomination d’un collège d’experts pour déterminer les circonstances exactes du décès, celui-ci n’a toujours pas été formé à ce jour. Des éléments tirés du dossier médical et du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) démontent la thèse d’une intoxication au paracétamol de Naomi Musenga.
Tout notre soutien à la famille Musenga , au collectif Justice pour Naomi Musenga, et aux personnes qui luttent à leur côté.

Perspective. Article initialement publié sur la page Facebook, puis mis à jour le 5 février 2020.

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